Présentation de l’exposition
Filiation : mes grands–mères étaient couturières, je suis peintre plasticienne.
Ni peinture, ni véritablement couture, la pratique se situe dans un entre-deux, une espèce de peinture bricolée où la règle consiste à s’arranger avec les moyens du bord.
Existe-t-il un lien entre la peinture et la couture ?
Le fil est là, rassurant, symbole de la conduite à tenir, pour se raccrocher, tisser des liens et garder le cap. Il m’appartient comme celui que sécrète l’araignée pour tisser sa toile ; il est organique et accompagne le déplacement. Il ne prétend pas attraper une quelconque proie – pas de filet ni de maille – mais se dévide plutôt de façon continue et inaltérable sans autre but que d’habiter le lieu de sa présence.
Coudre, découdre, recoudre.
Peindre, dépeindre, repeindre.
Faire, défaire, refaire.
Trois temps récurrents dans la pratique qui se nourrit de la richesse des rencontres. Ainsi la chaleur humide de la végétation luxuriante des tropiques où j’ai vécu, la visite de Latour-Marliac, lieu de conservation des nénuphars où se serait servi Monet pour Giverny alimentent-elles la série des Réminiscences.
Lieu confus de la mémoire, la peinture joue de l’eau et des ses dégoulinures comme la buée sur les vitres de la serre.
Au-delà des images, peindre pour dépeindre.
Découdre c’est décomposer, désagréger, disloquer, se mettre en péril, introduire le délabrement, la déconfiture. Détruire le visible et produire une image qui n’est pas la représentation du réel mais proche d’un paysage dans lequel il s’agit de se perdre. Le démantèlement de la toile correspond à une volonté de fractionner l’unité perceptive que pourrait constituer l’Etre.
En découdre avec la réalité, dans l’atelier, qui en est l’anagramme.